Santé mentale & Cinéma : Perception, traitement et enjeux de la psychiatrie et des troubles mentaux au cinéma

CONCLUSION
Cinéma & santé mentale, à la folie :
Il est donc nécessaire d’éviter l’écueil qui menace généralement les films qui traitent de troubles mentaux. Tout dépend de l’intention du réalisateur, mais pas que… Il est parfois regrettable que le prétexte de caractérisation « psychiatrique » d’un personnage contribue à véhiculer de fausses idées et des mauvaises interprétions du mal dont il est sensé souffrir auprès du public.
Toute la question reste enfin de déterminer si le cinéma crée bel et bien ces représentations sociales de la folie ou s’il ne fait toutefois que refléter des représentations déjà existantes et apparues par un autre biais ? Les deux vont très certainement de pair…
Car les troubles psychiques sont en définitive bien souvent utilisés en tant que métaphore des combats et des drames qui caractérisent parfois l’existence humaine. Encore faut-il que le public sache faire la part des choses entre la fiction et la réalité.
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Le cinéma ne fait en réalité que témoigner des croyances et des représentations qui marquent une époque, un lieu et une culture. Du fait de l’origine humaine des films, le cinéma ne reflète donc que la vision subjective d’une ou plusieurs personnes concernant la maladie, avec plus ou moins de réalisme, plus ou moins de succès. Mais si les représentations sociales sont monnaie courante en ce qui concerne la maladie mentale, de nombreux réalisateurs sont eux aussi affectés par ces stéréotypes, et cela se ressent dans certains films, pourtant bien documentés et renseignés, mais qui traduisent une vision personnelle peut-être trop romancée ou trop fictive des troubles mentaux.
Mais il faut également bien garder à l’esprit qu’aucun film n’est jamais parfaitement gratuit ou imaginé. Une grande part de subjectivité est nécessairement liée à la vision de la maladie présentée dans un film, mais il y a toujours néanmoins une part de réalité plus ou moins grande selon les cas, qui a constamment permis l’aboutissement de la vision que propose une oeuvre audiovisuelle sur les troubles mentaux. Cette part de réalité reflète peut-être la vision de la psychiatrie à une époque révolue, ou liée à une expérience personnelle, mais elle sera toujours présente, dans tous les films qui abordent le thème de la santé mentale. Notre imaginaire se nourrit de la réalité. L’inverse est également vrai, mais c’est alors constamment du fait de l’homme.
Quoiqu’il en soit, le cinéma et la santé mentale ont encore un bel avenir devant eux. Que l’un se serve de l’autre dans ses films, et l’autre de l’un pour sensibiliser le public ou éduquer la communauté scientifique et les étudiants en psychiatrie, la relation qui s’est nouée entre ces deux grands piliers du XXème siècle se comprend finalement assez simplement…
À travers les enjeux de mise en scène, de relation à soi et de représentions sociales, les questions soulevées par cette relation viennent directement toucher les spectateurs dans ce qu’ils ont de plus personnel et de plus intime : leurs émotions, la façon dont elles changent, la façon dont ils les appréhendent, et dont elle agissent sur leur pensée et leurs actions au quotidien.
Finalement, le cinéma et la santé mentale reflètent tous deux ce qui anime l’inconscient de la société dans laquelle nous évoluons. Ils en sont le fruit, la conséquence, et agissent l’un sur l’autre, faisant ainsi état de l’évolution des consciences et de la manière dont nous percevons notre environnement.
Ainsi le cinéma agit-il sur la santé mentale des Hommes et sur leurs croyances à travers des films. Ainsi la santé mentale des Hommes du cinéma donne-t-elle naissance à des films. Fructueuse relation qui implique tant de responsabilités…