top of page
joker-heath-ledger-the-dark-knight.jpg

II.B. 1) La performance de Heath Ledger :

La performance de Heath Ledger dans le rôle du Joker pour le film The Dark Knight, de Christopher Nolan (2008) lui a valu une reconnaissance inouïe de la part des fans et fut encensée par la critique pour la préparation intense qui l’a précédée et pour l’implication dont l’acteur fait preuve pour son rôle, au point de ne pas en sortir entre les prises de vues.

On pourrait dire que Ledger, à force de perfectionnisme, est devenu victime de son rôle du Joker, pour lequel il est allé chercher l'inspiration du côté de Sid Vicious des Sex Pistols et du personnage de Malcolm McDowell dans Orange Mécanique, de Stanley Kubrick (1971).

Heath Ledger a mis des mois à construire son personnage de clown psychopathe, à le créer, à imaginer chacun de ses traits de caractère, chacun de ses tics, allant jusqu’à adopter un timbre de voix bien spécifique pour déboucher sur le personnage insensé que l'on connait aujourd’hui. Pour ressentir au plus profond de lui la folie de ce vilain emblématique, le comédien s’est isolé avant le tournage pendant six semaines consécutives dans une chambre d’hôtel, période durant laquelle il passait des heures à tester sa voix, son rire diabolique et sa gestuelle, afin de les faire coller au mieux à la représentation très personnelle qu’il se faisait du Joker. Il notait dans un journal ses impressions ainsi que ses pensées les plus profondes, les plus effrayantes. Une partie du contenu de ce journal a été dévoilée en 2012, dans un documentaire. Totalement investi dans ce rôle, Heath Ledger n'a donc pas seulement interprété le Joker. Il ne faisait plus qu’un avec lui sur le plan mental, et c’est pourquoi l’on pourrait dire qu’il est « devenu » le Joker, du fait de la véritable obsession qu’il entretenait envers son personnage. L’immersion était telle que l'acteur ne répondait plus si on s'adressait à lui comme à Heath Ledger, et non comme au Joker. Lorsqu'il s'estima fin prêt, il déclara à l'équipe du film avoir « enfin atterri dans le royaume d'un psychopathe ». 


Sa préparation extrême et jusqu’au-boutiste, ainsi que sa performance extraordinaire ne l'ont sans doute pas laissé indemne. Les propos de son père laissent entendre qu'Heath Ledger s'est trop engagé sur ce rôle, au point de sombrer dans l’univers chaotique qui était le sien avant et pendant le tournage de The Dark Knight.


Pendant le tournage, à Londres, en 2007, il confiait au New-York Times qu’il ne dormait environ que 2h par nuit. Son esprit ne se reposait jamais, il ne pouvait s’arrêter de penser alors que son corps était épuisé. Il avait un comportement maniaque et des tics compulsifs. Il a donc commencé à prendre de très puissants somnifères pour l’aider à dormir, qui pouvaient d’ailleurs être détourné comme une drogue.


Heath Ledger est mort le 22 janvier 2008, à l’âge 28 ans, de suites d’une overdose médicamenteuse lié à une mauvaise prescription de substances combinées. L’hypothèse du suicide a longtemps été évoquée, justement du fait de sa récente incarnation en Joker, rôle pour lequel sa folle préparation était alors de notoriété publique. D’aucun présumait que son personnage avait fini par prendre totalement possession de son esprit, que Ledger avait lui-même sombré dans la folie des suites de ce tournage et qu’il n’avait pas supporté les ténèbres dans lesquels il s’était lui-même enfoncé. La fin tragique du jeune comédien avait fait couler beaucoup d’encre à l’époque, mais cette hypothèse n’a jamais été validée et ce n’est pas celle que l’on retiendra du décès de l’acteur.


Il a obtenu en 2009, à titre posthume, trois récompenses pour ce rôle : un Golden Globe, un BAFTA et un Oscar en tant que meilleur acteur dans un second rôle.


Le documentaire en question qui a révélé certaines parties du journal du comédien lorsqu’il était isolé pour entrer dans son rôle s’intitule Too Young to Die. On peut notamment y voir le père de Heath feuilleter le fameux journal de son fils, dans lequel il consignait tout. « Il se plongeait dans tous ses personnages, mais je pense que là, c’était un cran au-dessus » lâche son père.



Bien que le lien entre la prestation de Heath Ledger dans The Dark Knight et son décès prématuré quelques mois après n’ait jamais été établi, on ne pourra néanmoins pas nier les conséquences évidentes que l’intense et sombre préparation mentale de l’acteur aura engendré sur son psychisme, nous amenant à nous poser les même interrogations que les autres exemples cités plus haut quant aux risques que peut engendrer une telle implication dans un rôle de composition, d’autant plus lorsqu’il concerne en l’occurence un personnage psychopathe et déséquilibré, en proie à de violentes crises de folie.


Tandis que l’interprétation de Heath Ledger se concentrait uniquement sur la façon dont le Joker exerçait sa fonction de « Prince du crime », en s’attardant sur sa personnalité chaotique et les idées machiavéliques qui lui traversent l’esprit, et passe brièvement sur le traumatisme qu’il a vécu pour en arriver là, l’interprétation de Joaquin Phoenix concerne justement les origines du personnage et se concentre sur les événements qui ont donné naissance aux troubles psychotiques de l’ennemi juré de Batman.

II. B. 1) La performance de Heath Leger: Texte

©2020 par Santé mentale et cinéma. Créé avec Wix.com

bottom of page