Santé mentale & Cinéma : Perception, traitement et enjeux de la psychiatrie et des troubles mentaux au cinéma

PARTIE II
A) Influence réciproque entre cinéma et santé mentale :
Le tournage d’un film est une expérience à part entière, qui est parfois vécue de manière tellement intense qu’elle marque durablement l’esprit de ce qui y ont participé, mais pas toujours de manière positive…
En ce qui concerne les acteurs, nombreux sont ceux qui se sont investis et impliqués dans leurs rôles jusqu’à l’épuisement moral et physique, affectant ainsi violemment leur corps et leur esprit (1). Parfois, ce sont également les conditions de tournage et le caractère trop exigeant voire presque cruel du comportement de certains réalisateurs qui vont avoir un effet durable et irréversible sur le mental des comédien.ne.s à qui ils s’en prennent, allant parfois jusqu’à leur faire totalement perdre pied psychologiquement (2).
Concernant le premier point, il apparaît opportun de citer une certaine technique d’interprétation très réputée au théâtre et au cinéma sobrement appelée « La Méthode ». Il s’agit du nom donné aux principes d’interprétations théâtraux mis en oeuvre par le professeur d’art dramatique russe Constantin Stanislavski, en lien très proche avec ce qu’on appelle également aujourd'hui « l’Actor Studio » et ayant servi à la formation des plus grands acteurs de théâtre et de cinéma américains. Cette méthode travaille à partir de l’impulsion du corps et plus généralement à partir de ce qu’elle nomme « action physique ». Il ne s’agit alors plus de jouer bien, mais uniquement de jouer juste, permettant ainsi de montrer la vérité et non une représentation de la vérité.
Cette « Méthode » incite donc les acteurs à se glisser à proprement parler dans la peau de leurs personnages, de la manière la plus réaliste possible. Certains iront même jusqu’à parler de « jusqu’au-boutisme » tant cette méthode de jeu est exigeante en terme d’implication personnelle et de préparation mentale.
Pour citer l’exemple le plus flagrant, on peut évoquer les prises ou pertes de poids, trop rapides pour être saines, que certains comédien.ne.s infligent à leur corps dans le but de rendre crédible la vraisemblance avec le personnage qu’ils sont supposés incarner. On se souviendra de Christian Bale, qui a perdu près de 30 kilos pour son rôle dans The Machinist, de Brad Anderson (2004) ou de Robert De Niro qui a pris, lui, 30 kilos pour l’iconique Raging Bull, de Martin Scorsese (1980).
De très nombreux acteurs américains sont réputés pour baser leur manière de jouer sur la Méthode, et s’en revendiquent, tels que Christian Bale, Marlon Brando, Adrien Brody, Jim Carrey, Daniel Day-Lewis, Johnny Depp, Anne Hatthaway, Jared Leto, Heath Ledger, Jack Nicholson, Joaquin Phoenix (pour n’en citer que quelques uns car la liste est très longue et recense pas moins de 80 acteurs ou actrices célèbres). Mais nous allons voir que tous les noms cités ci-dessus ont un lien avec notre sujet et vont servir d’exemples dans les lignes qui suivent.
